Néville

L'Église

L’église Saint-Martin de Néville sur mer est un édifice catholique.

De l’ancienne église, il reste le portail du midi avec les deux meurtrières et un bas-relief de la charité de Saint Martin placé dans le cintre. Au nord, les trois fenêtres meurtrières subsistent, le tout de style roman du XIe siècle.

Après sa fondation, les seigneurs de Néville en donnèrent le patronage à l’abbaye de  Montebourg.

En 1681, l’archidiacre constate un certain laisser-aller à l’intérieur de l’édifice. Les fondements du clocher se trouvent alors réalisés. Le sommet du clocher est formé de quatre petits tourillons pleins reliés ensemble par une balustrade en granit, soulignée d’un encorbellement.

Trois cloches y sont montées.

Au milieu du XVIIIe siècle, le vieux chœur roman tombe en ruines. En 1763 les ouvriers abattent tout ce qui n’est pas possible de conserver de l’église originelle. La nef est allongée, le chœur reconstruit et agrandi et une sacristie bâtie à la suite.

À la Révolution, tout ce qui sert au culte et deux cloches sont expédiés au district de Cherbourg. Le mobilier va au plus offrant.

En 1855, une cloche nommée Léonie Céleste Marie prend place dans le clocher.

Une grande arcade, plein cintre, sépare la nef du chœur, elle porte la perque du crucifix du XIXe siècle.

Le sanctuaire comporte un autel en marbre blanc du début du XXe siècle. Il est adossé à un retable; à gauche, Saint Martin, évêque et à droite Saint Benoît.

L’autel de la Sainte Vierge est adossé à gauche de l’arcade, tandis qu’à droite se trouve celui de Saint Sébastien.

Au bas de la nef, est placé l’autel du bienheureux Jean-Baptiste PONTUS avec sa statue.

Le bénitier est en forme de potiron. L’église possède un ex-voto latté, Le Sainte Laurie. Il représente un trois-mâts carré avec brigantine de la fin du XVIIIe – début du XIXe siècle.

Les blockhaus

Durant la seconde guerre mondiale, la marine allemande fit construire une batterie d’artillerie à Néville sur mer, la batterie « Blankenese ». La construction commença avec un certain retard jusqu’en août 1942 et ne fut achevée que 2 ans plus tard, à la mi mai 1944. Cette batterie est une pièce du Mur de l’Atlantique dans le Cotentin. Elle fut équipée de 4 canons anglais antiaériens de 94mm. Ces derniers avaient été pris lors de l ‘occupation allemande  des îles anglo-saxonnes en 1940. Elle fut positionné derrière les dunes ce qui fait qu’aujourd’hui, à cause de l’érosion  importante à cet endroit, la plupart des bunkers se retrouvent sur la plage.

Les soldats qui furent postés à cette batterie étaient plus expérimentés pour les engagements terrestres et leurs canons n‘étaient pas adaptés à des cibles navales mobiles. Ainsi le matin du 18 juin 1944, la batterie fut la cible de bombardements de navires américains. Du fait de la trop faible portée des canons, elle ne put riposter. La batterie fut alors évacuée. Mais avant de se replier vers les Festungs (en allemand Festung désigne une forteresse), les Allemands, dans le cadre du plan « Henrich » sabordèrent la batterie en détruisant plusieurs  bunkers et en sabotant les armements et les équipements intransportables. Quatre jours plus tard, le 20 juin, les Américains, dont la mission est de libérer le Cotentin atteignent la batterie de Néville sur mer.

Ce qu’il faut savoir, c’est que d’après le journal de guerre de l’Etat major du Kriegsmarine, la division des opérations navales, la batterie de Néville sur mer faisait déjà face à des combats depuis le débarquement, le 6 juin 1944. Ainsi le 7 juin la batterie tire sur de petites unités navales ennemies qui se retirent. Le 11 juin, vers 23h30, la batterie Blankenes (Néville sur mer) aidée de la batterie Brommy (à proximité de Bretteville) forcent 6 dragueurs ennemis à se replier (les dragueurs avaient pour objectif principal le déminage des eaux de la Manche afin de faciliter l’arrivée des aides alliées). Le 13 juin dès 2h du matin, la batterie de Néville sur mer intervient plusieurs fois contre des vedettes lance torpilles ennemies qui attaquaient un convoi de barge porte canons. Elle les força à se retirer en émettant un rideau de fumée. Ces actions entrainèrent une attaque de la batterie le 13 juin à 21h40 par 8 avions ennemis en vain.

Suit un article d’Antonin Dehays

Lors de l’été 2014, on a pu voir cette batterie prendre d’autres couleurs à l‘initiative d’un artiste peintre et scénographe allemand: Eberhard MATTHIES,

qui partageait sa vie entre sa résidence à Magdebourg et l‘été sa petite maison à St Vaast la Hougue. 

Lors d’une visite sur le site de Néville, il est fasciné par l’austérité et l’aspect dévasté du lieu. Il veut peindre ces «dinosaures gris» pour symboliser la joie, l’espoir, la réconciliation européenne.

Une association est créée avec ses amis de St Vaast, son épouse Irène Schneider, Bernard Pottier maire de Néville et sa municipalité. Elle est appelée «mémoire en couleurs » (lien facebook) 

Après un vernissage en juillet 2012 à Néville présentant le projet sur toiles, un échange franco allemand d’étudiants en art plastique qui participaient au projet est organisé  avec un voyage à Magdebourg. Les blockhaus en couleur sont inaugurés le 28 juin 2013 en présence de nombreuses personnalités. Les bâches colorées furent maintenues en place jusqu’à l’automne et attirèrent de nombreux visiteurs, jamais indifférents.

Le manoir de herclat

Construction fin XVème et début XVI ème, le manoir d’Herclat est une construction rectangulaire dont le seul accès est une double porte charretière et piétonne.

Il comporte également 2 bâtiments en équerre constituant chacun une maison d’habitation.

C’est dans ce manoir qu’est né Jean-Baptiste Michel PONTUS, un des martyrs de septembre 1792. Il était né au manoir de Herclat le 19 juin 1763 et est décédé à Paris le 2 septembre 1792. Il entame des études au grand séminaire de Coutances avant de les poursuivre au petit séminaire St Sulpice à Paris. Il est maître ès-arts à la Sorbonne. En 1788, il est ordonné prêtre dans l’ordre religieux des Sulpiciens. Il est vicaire de St Sulpice à Paris à partir de 1788. Il refuse de prêter  serment à la constitution civile du clergé à la Révolution Française et continue son service dans un oratoire particulier. Il est arrêté le 29 août 1792 à la maison des Tourettes des Eudistes à Paris et incarcéré à la prison des Carmes dans laquelle il est massacré le 2 septembre suivant. Il est béatifié le 17 octobre 1926 par le Pape Pie XI avec les autres martyrs de septembre. Il est à noter que la famille PONTUS réside et exploite la ferme de Herclat durant toute cette période jusqu’en 1956, donnant à travers les siècles depuis 1790 de nombreux maires à la commune de Néville.

Portes charretière et piétonne Herclat

Architecture :

Manoir d'Herclat

La maison au fond de la cour carrée (fin XVème début XVIème) possède des baies de différentes grandeurs et de différentes époques avec 2 portes en arc surbaissés et biseautés.

La maison est flanquée d’une imposante tour carrée contenant un escalier à 2 volées (XVIIème). La cour est accessible par une double porte charretière et piétonne enserrée par des communs aveugles.

L’autre bâtiment (demeure seigneuriale du XVIème) placé en équerre fermant la cour et donnant en façade sur une autre cour (dite du Houguet). Ce bâtiment possède un rez de chaussée surélevé et desservi par un grand escalier en pierre. La grande salle est éclairée par des fenêtres à meneaux et possède une belle cheminée de granite (XVIème) avec des traces de peintures du XVIIème et une corniche calcaire à modillons (Louis XIII).

A l’extrémité Sud, il reste une tour étêtée et l’amorce d’une double porte identique à celle de l ‘autre cour. Devant ces cours s’étend un planitre planté de chênes, dont 2 très anciens, et d’arbustes décoratifs.

Origine :

L’origine du manoir remonte à la famille THOMAS, Sieurs de Herclat (2 gueules à 3 mains armées de coutelas d’argent) qui semble s’être installée à Néville vers 1550. Cette branche des THOMAS disparaît avec Louis THOMAS né en 1600, curé de Néville de 1641 à sa mort en 1673 et son frère Christophe qui est cité dans l’Etat de 1640 (MMD, E11, 1993, p42/2) capitaine garde côtes des ports de Barfleur et de St Vaast. Il est également cité comme ami de Gilles de Gouberville dans son journal. Il est de la famille des Sieurs d’Auberville et d’« Ecosville » (près de Montebourg) gens fort riches, mais de noblesse peu ancienne. Christophe THOMAS, Sieur de Herclat  marié en 1643 avec Marie Lecanu  de Basmaresq fut inhumé le 12 février 1650, léguant le manoir de Herclat à sa fille Marie-Bonaventure Thomas, femme de François de Beaudrap, bailli de Bricquebec.

La descendance de la famille de Beaudrap (célèbre dans le Cotentin) conserve le manoir jusqu’en 1978 où il est vendu par la Comtesse du Moustier de Canchy à la famille POTTIER. Ceux-ci élevant des chevaux qu’on peut voir s’ébrouer autour du manoir.

La fontaine Saint Benoît

Située dans le creux d’un vallon près de la côte, cette petite source d’eau douce était dans l’emprise d’une ancienne abbaye. Cette dernière,construction dont il ne reste rien fut détruite par les Anglais lors de la guerre de cent ans. Elle fut à son époque occupée par des bénédictins, d’où sans doute le culte de St Benoit pour cette fontaine et à l’Église de Néville.

L’eau de cette fontaine (qui ne tarit jamais, même si son débit est modeste) est réputée pour guérir les maladies de peau des enfants (eczéma, impétigo, psoriasis etc.).

L’histoire des guérisons à Néville est très ancienne et le culte de St Benoit également. De grandes processions se déroulaient entre l’église et la fontaine jusque dans les années 1970. L’oratoire et la clôture qui entourent la fontaine datent de 1897, aménagés par l’abbé Passilly avec la création de 3 bassins qui évoquent la Trinité (fête patronale de Néville).

Mais comme l ‘abbaye, l’origine du culte de St Benoit et les qualités guérisseuses de l’eau sont fondées sur peu de documents écrits mais par traditions orales et gardent ainsi une part de leur mystère.

Tout le domaine entourant la fontaine et correspondant approximativement à l’enceinte de l’ancienne abbaye appartenait depuis « des lustres » à la famille Cabart-Prémarais dont la dernière ressortissante Marie Bourdet-Corbin a fait don du champ de la fontaine à la commune.

La ferme de l'Isle et Le Prieuré

La Ferme de l'Isle :

La ferme de l’Isle est une ancienne ferme fortifiée érigée dans son ensemble au XVIème siècle. Elle a été construite notamment avec les pierres de l’ancien prieuré. La porte qui donne sur le chemin est appelée « porte des arches ».

On dit d’elle que c ‘est une ancienne ferme fortifiée du fait des murs imposants qui l’entourent. Des murs élevés entouraient même la cour et le potager. Ce système de fortification et les meurtrières rappellent combien les habitants ont craint un débarquement de la part des Anglais, du règne de Louis XIV à l’Empire.

Il existe encore un bel escalier extérieur qui menait jusqu’au grenier à grain. Dans la cour se trouve un très joli puits de forme circulaire, anciennement surmonté d’une calotte et protégé par une porte. La pierre utilisée en majorité est le granit local.

Le prieuré de Néville :

Au XII ème siècle la seigneurie de Néville était possédée par la famille de Beaumont, une des plus anciennes et des plus considérables du Val de Saire.

L’un des membres les plus connus de cette famille à Néville fut Guillaume dit le Moine qui fonda en 1163 « pour le salut de son âme et de celle de ses père, mère et aïeux » une chapelle sous le vocable de Ste Marie Magdeleine à Néville. Un prieuré y fut construit afin de loger les moines que l’abbaye de Montebourg souhaiterait y envoyer. Après avoir quitté momentanément le prieuré car ils ne trouvaient pas la résidence à leur convenance, les moines reprirent la direction de ce dernier en 1232. La chapelle fut malheureusement détruite avec ses dépendances pendant la Guerre de Cent ans par les Anglais lors de leur invasion (1417-1450). Les pierres servirent sous Louis XV à la construction du Fort de Réthoville.

On a retrouvé des traces de cet ancien prieuré, comme par exemple dans un champ dit « les abbas » (abbaye). Des fondations très anciennes  ont été découvertes formant des compartiments de 2m², utilisés probablement comme des cellules. À cela viennent s’ajouter la fontaine St Benoît qui est le fondateur des bénédictins ou encore dans un lieu nommé « les cimetières » des vestiges d’habitations et de cercueils en tuf.

En savoir plus sur l’ancienne abbaye de Néville : ⇒ Histoire de l’abbaye de Néville