Petite biographie des gens de t'cheu nous, pas si ordinaires :
COMMANDANT PUGNET
Le commandant René PUGNET, petit-neveu du sculpteur BARTHOLDI, auquel on doit la statue de la Liberté est entré en 1907 à la Transat, il prend en 1930 le commandement du « Paris » avant d’être nommé commandant de ‘Normandie’ en 1935.
Mais c’est également la petite histoire de la Transat, vue au travers de la vie de 2 commandants ayant élu domicile au hameau de la Mer. En effet, tout commence par la carrière maritime embrassée par un amoureux de la mer.
En effet, tout commence par la carrière maritime embrassée par un amoureux de la mer, Adolphe LELANCHON, pur cosquevillais, qui pendant la 2ème moitié du XIXe siècle a sillonné la Méditerranée; lui-même issu d’une famille ayant participé à la conquête de l’Algérie.
Au cours de ses traversées, il se lie d’amitié avec le Général EDON et sa famille, installés en Algérie depuis la conquête et leur prête la maison du 13 hameau de la Mer qu’il a achetée.
Le commandant LELANCHON, marié sans enfant, décidera de léguer sa maison à ses amis EDON.
Une des filles du Général EDON épouse René PUGNET en 1904. Et le commandant LELANCHON devient le parrain d’Henriette, décédée très jeune, l’une des deux filles du couple PUGNET. Celui qui deviendra le Commandant René PUGNET est né dans le Périgord à Brantôme le 13 août 1881, mais sa famille maternelle est originaire de l’Est de la France, d’où le lien avec la famille BARTHOLDI. Sa mère était elle-même d’origine polonaise.
René PUGNET ne voulais pas être marin… mais musicien. Sous l’influence familiale, il dut se résoudre à s’engager dans la Marine.
Il commence sa carrière sur les grands voiliers de la fin du XIXe siècle, et fait partie des derniers cap-horniers. Finalement, il se passionne pour la marine à voile et passe avec succès l’épreuve de capitaine au long cours et commande même le « Jaques-Cartier »,navire école de la Marine marchande.
En 1914, René PUGNET est affecté à la Marine de guerre et se porte volontaire pour être pilote d’hydravion. Il se retrouve à la base d’entrainement des pilotes de Saint-Raphaël puis devient le commandant de la base de CORFOU. Tombé 2 fois en mer avec son hydravion, il recevra la Croix de Guerre avec citation à l’ordre de l’armée.
Avant chaque traversée, 2 pigeons voyageurs étaient embarqués. Au moment de l’impact, les pigeons étaient lâchés et ils revenaient à leur point de départ, avertissant ainsi qu’éventuellement 2 hommes étaient en pleine mer et permettant d’activer les recherches. Ainsi est-il une première fois, suite à un amerrissage forcé, recueilli au milieu de la Méditerranée, ainsi que son copilote. La seconde fois, son hydravion est touché à proximité de la côte et son coéquipier est blessé. Sa forte carrure lui permettra de réaliser l’exploit suivant : maintenir l’hydravion en surface et réussir à le ramener au rivage.
Après la première guerre mondiale, il reprend sa carrière en commandant des navires sur les lignes d’Amérique du Sud puis d’Amérique du Nord.
Il pouvait alors à chaque arrivée majestueuse sur New-York saluer la statue de La Liberté, celle que dans la famille on avait gentiment surnommée « la petite cousine » en raison des liens familiaux avec le grand-oncle sculpteur.
Il est parallèlement un inventeur. Doté d’une mémoire insolente, il s’intéresse à tout. Il est ainsi à l’origine d’améliorations pour les scaphandres ainsi que pour les systèmes de lutte contre l’incendie sur les bateaux.
Pour finir sa carrière à la « Transat » il est nommé 1er Commandant du futur paquebot « Normandie »; il participe à la mise au point, à la surveillance des travaux de construction à Saint-Nazaire, et aux célèbres essais de vitesse au large de l’Ile de Sein. « Normandie » restera le plus grand et le plus luxueux paquebot jamais construit par la Compagnie Générale Transatlantique.
Il est à la passerelle de « Normandie » lors de sa mise en service le 29 mai 1935 sur la ligne Le Havre-New-York. Au cours de cette traversée il quitte Le Havre laissant sa femme mourante et c’est par radio qu’il apprendra sa mort.
« Normandie » remporte le Ruban Bleu dans les deux sens dès son voyage inaugural, ce qui en fait donc à l’époque le paquebot le plus rapide du monde sur la ligne de l’Atlantique Nord.
La carrière de « Normandie » fut écourtée par la guerre mais ses caractéristiques techniques, son style, le luxe de ses aménagements, sans oublier, bien sûr, ses records de vitesse, en ont fait pour toujours l’archétype du paquebot transatlantique.
Le 24 août 1939, « Normandie » quitte Le Havre pour la dernière fois et accoste à New-York le 28, au terme de sa 139ème traversée régulière. Il est désarmé, à proximité du « Queen Mary », son grand rival.
Depuis sa mise en service en mai 1935, Normandie a transporté 133 170 passagers sur l’Atlantique Nord, soit en moyenne 958 par traversée. Rebaptisé « Lafayette », le navire destiné à devenir transport de troupes est victime d’un incendie le 9 février 1942 et chavire dans la nuit du 9 au 10 février 1942.
Retraité à 55 ans, en 1936, le commandant PUGNET s’est retiré à Cosqueville. Et c’est par radio qu’il apprendra l’incendie de ‘Normandie’.
Il passe les années de guerre au hameau de la Mer, dans sa maison occupée partiellement par des officiers allemands. A la Libération, il est sollicité par les autoritaires militaires américaines pour assurer la direction du port de Cherbourg et occupe un bureau dans l’immeuble de l’ancienne Douane, actuellement siège de la Caisse d’Epargne.
Ensuite, il est sollicité pour assurer des expertises maritimes. Il dirige également une traversée du Sahara « Trajet de la croisière noire ».
Un homme aux talents multiples : il tient la passion de la musique de sa mère, professeur de piano. Il pratique piano, violon, alto et violoncelle et, titulaire d’une culture classique (grec et latin) et scientifique, il parle plusieurs langues.
Il fabriquera de ses mains un violon à la sonorité exceptionnelle aux dires de luthiers, donné depuis par sa petite fille à des amis, ainsi qu’un alto qui, vendu à un musicien professionnel, poursuit sa carrière au Japon.
Il crée, avec quelques amis, le Cercle Musical de Cherbourg, qui assurera 6 concerts par an au théâtre de Cherbourg pendant plusieurs dizaines d’années.
Il meurt à l’hôpital Pasteur de Cherbourg, le 18 novembre 1968.
Sa fille Marie-Louise (11/10/1908-19/01/1991) devient la seconde épouse de Michel CAILLARD, d’une famille havraise spécialisée dans la construction navale. Ils donneront au commandant deux petites-filles, Michèle et Marie-Claude, décédée jeune.
Marie-Louise CAILLARD fut une pianiste soliste et concertiste de renommée internationale. Partenaire et assistante d’Henry MERCKEL, elle enregistre plusieurs disques.
Le commandant PUGNET, son épouse, une grande partie de la famille de celle-ci, ses filles et son gendre ont été enterrés près de la dépouille du commandant Adolphe LELANCHON dans maintenant une seule grande tombe située face à la mer tant aimée, dans le cimetière de COSQUEVILLE.
Ce portrait a été dressé grâce aux souvenirs de sa dernière petite-fille, Michèle CAILLARD.
PS : Les noms de navires sont traditionnellement féminins : il faut donc dire (malgré une habitude contraire !) La Normandie ou mieux Normandie. Le Commandant PUGNET bondissait quand on disait « Le » Normandie !
GILLES DE GOUBERVILLE
Gilles de Gouberville, Gentilhomme normand, de petite mais ancienne noblesse est de par son ascendance Seigneur de Gouberville.
Installé au Mesnil au Val, Gilles succède à son père pour la charge de lieutenant des eaux et forêts pour le Vicomte de Valognes en 1543. En 1455, il hérite de son père des seigneuries de Gouberville et du Mesnil au Val, puis en 1560 de la seigneurie de Russy d’un oncle prêtre.
Il est l ‘auteur d’un journal dont les années 1549 à 1562 ont été conservées et dont le manuscrit a été découvert dans le chartrier du château de St Pierre Église. Cet ouvrage (réédité en 4 tomes aux éditions des champs 1993-1994) est un témoignage de la vie d’un gentilhomme au XIVème siècle.
Lorsqu ‘il commence son journal, le sire de Gouberville a environ 30 ans. C ‘est un homme en pleine possession de ses moyens physiques, cavalier, résistant, adroit, bien entrainé, sachant se servir d’une épée. Il tire à l ‘arbalète et au mousquet. Habile aux jeux de force et d’adresse, il se plaît à jouter avec ses amis. Il sait à l ‘occasion manier les outils de la ferme et conduite de lourds charrois. Homme cultivé il lit le latin et le grec.
Son esprit méthodique et entrainé tel qu ‘il paraît dans son « livre de raison » met en évidence le sens pratique dont il fait preuve en toute occasion. Mais les traits les plus marquants de ce jeune Seigneur, ce sont ses qualités de cœur et ses valeurs morales qui le rendent si sympathique.
Son œuvre est un précieux témoignage sur les mœurs du XVIème siècle, le parler manchois de l’époque, les grandes épopées à cheval. A ce sujet, Gilles de Gouberville voyageait accompagné entre ses propriétés du Mesnil au Val, de Gouberville et de Russy (dans le Calvados). Il est même allé à Blois pour rencontrer le Roi. Ces déplacements se faisaient à cheval par des chemins souvent boueux et en sous-bois. Le Cotentin était moins défriché qu ‘aujourd’hui.
Il y mentionne également le mode de nourriture où la volaille tenait une place importante, ainsi que la façon de distiller le cidre en eau de vie. D ‘autre part on a un aperçu de la façon dont la justice était rendue dans les différends commerciaux.
Né en 1521, il est mort le 7 mars 1578 à 57 ans. Il est enterré dans l’église du Mesnil-au-Val, « au long du banc où ses prédécesseurs et luy avoyent coutume de s’asseoir pour ouyr le service divin».
L'ABBÉ GOSSELIN
Un curé plein d'humanité
Le curé qui a parcouru sur sa mobylette pendant plus de 30 ans le territoire de ses 5 églises (COSQUEVILLE – VRASVILLE – ANGOVILLE – mais également NEVILLE et RETHOVILLE).
Sa personnalité et ses engagements firent de lui un homme de terrain, acteur et témoin des évènements du XXe siècle.
De c’cheu nous, certes, puisqu’il y passera de 1967 à 2001 les dernières étapes de sa vie, mais tout en restant toujours très attaché à RAUVILLE-LA-PLACE, son village natal.
Né le 19 décembre 1915 dans une famille modeste, alors que son père, employé de carrière, est mobilisé, il est l’aîné d’une famille de 6 enfants.
Après l’école communale de RAUVILLE-LA-PLACE, il poursuivit ses études pendant 7 ans à l’institut Saint-Paul à CHERBOURG en qualité de pensionnaire. Il en sortira bachelier à l’âge de 16 ans. Pendant son adolescence au cours des vacances passées chez ses parents, il sera fortement influencé par un autre natif de RAUVILLE-la-Place, René ROBLOT.
Né le 18 décembre 1872, René ROBLOT fut ordonné prêtre en 1895, et nommé vicaire à CARENTAN. En 1919, il acquit la notoriété littéraire en obtenant le prix de poésie de l’Académie pour son poème « Les morts fécondes », composé à la gloire des soldats tombés au champ d’honneur.
Le poète, qui en littérature a pris le nom de Jacques Debout, montre un talent oratoire qui lui vaut d’être invité à prêcher à l’étranger. L’évêque de MEAUX le nomma chanoine de sa cathédrale. A la fin de sa vie, Jacques Debout revenait régulièrement au pays natal. Décédé à PARIS le 31 janvier 1939, il fut inhumé à RAUVILLE-LA- PLACE le 4 février.
Tout au long de sa vie, l’abbé GOSSELIN rendra lors de conférences ou dans ses sermons un vibrant hommage à son grand ami et père spirituel, décédé quelques mois avant sa propre ordination. En effet, très jeune, Louis GOSSELIN décida de se consacrer à la prêtrise. En raison de son jeune âge, il bénéficiera d’une permission exceptionnelle du Vatican pour entrer au Grand séminaire de COUTANCES en octobre 1935. Il fit son service militaire en 1936-1937 à la base aérienne de VILLACOUBLAY où l’un de ses compagnons d’armes n’était autre que Charles TRENET.
Il fut ordonné diacre le 29 juin 1939 avec 16 autres séminaristes. Il pensait rentrer au Grand Séminaire de COUTANCES pour sa cinquième et dernière année de formation en vue du sacerdoce. Mais sur les 17 diacres, 15 furent rappelés aux armées lors de la déclaration de guerre le 2 septembre 1939. Pour sa part, avec son condisciple Pierre SERRANT, il est envoyé comme enseignant à l’Institut Notre Dame d’AVRANCHES pour remplacer les professeurs mobilisés. Mais très rapidement, Monseigneur LOUVARD décide de l’ordonner prêtre. C’est à la chapelle de l’ancien Carmel de COUTANCES que cinq diacres reçoivent le 15 octobre 1939 l’ordination sacerdotale. Trois, revenus des armées, sont en tenue militaire (un fantassin, un aviateur et un marin) tandis que comme l’abbé SERRANT, l’abbé GOSSELIN porte la soutane. Leur ordination fut avancée pour leur permettre de partir aux armées en qualité d’aumônier.
Il célébra sa première messe à RAUVILLE-LA-PLACE.
Puis très vite il fut mobilisé dans l’aviation avant d’être démobilisé à la base aérienne de CARCASSONNE. Professeur à l’institut Notre Dame d’AVRANCHES en octobre 1940, il enseigne au collège en classe de 5ème. Tous les vicaires de Sainte Trinité de CHERBOURG étant prisonniers, l’évêque le nomma vicaire à CHERBOURG de fin 1940 à fin décembre 1943. Pendant cette période d’occupation, il fut également aumônier des hôpitaux maritime et Pasteur et vécut en cette qualité les heures tragiques des bombardements. Face aux persécutions dont ils sont victimes, il aide les juifs et les réfractaires à échapper aux griffes de l’occupant.
Le titre de Juste des Nations lui est d’ailleurs décerné le 7 septembre 1971. Il est ainsi le premier de notre département à avoir été ainsi reconnu et honoré.
Le centre de documentation juive contemporaine au Mémorial de la Soah à PARIS retrace ainsi son implication :
GOSSELIN, abbé Louis – Cherbourg – dossier n° 692
Pendant l’Occupation, l’abbé Louis Gosselin était l’aumônier de l’Hôpital Louis Pasteur à Cherbourg (Manche). Du fait de ses fonctions, il était en mesure de venir en aide à des personnes qui se cachaient ou étaient en fuite. Il donna également asile à des jeunes Français réfractaires au STO, dont des Juifs. L’un d’eux témoigna après la guerre que le prêtre leur avait apporté à tous un grand soutien moral et matériel. En octobre et novembre 1943, le père Gosselin aida trois Juifs à échapper aux Allemands, et grâce à lui ils survécurent à l’occupation. Son action courageuse lui valut d’être décoré. Le port de Cherbourg occupait une position stratégique vitale sur le front ouest ; l’armée allemande avait ordonné à tous les Juifs de quitter ce qu’elle appelait « le mur de l’Atlantique ». Tout Juif découvert dans cette zone risquait les peines les plus graves et il en était de même pour ceux qui leur venaient en aide ou les hébergeaient. L’abbé Gosselin connaissait le danger mais poursuivit son activité sans se laisser intimider, mû par son ardent désir de voir l’occupation et la persécution des Juifs prendre fin.
Son nom figure sur le mur de l’Allée des Justes à PARIS (4e Arrt) Quiconque sauve une vie sauve l’univers (Talmud)
Sa situation personnelle devenant dangereuse à CHERBOURG, l’évêché lui accorde une cure. Le débarquement le trouva donc à EMONDEVILLE, entre MONTEBOURG et SAINTE MERE EGLISE. Dans le presbytère était installé l’état-major allemand.
Il parla toujours avec beaucoup d’émotion de cette nuit du 5 au 6 juin 1944. Il se refugia dans une tranchée avec d’autres habitants du village dont une jeune femme qui, par peur, mit au monde son premier enfant alors qu’à l’autre bout de la tranchée une vieille femme fut tuée par une grenade.
Il rappelait également ces instants tragiques où il entra dans une grange remplie de parachutistes en train de mourir. Se souvenant du « Notre Père » appris en classe d’anglais, il récita avec eux « Our father, who art in heavey », avant de leur donner l’absolution.
Son église partiellement détruite dès le 6 juin, les messes se firent dans une salle de ferme puis dans une grange transformée en église. A la demande du comité d’organisation, il prêcha deux fois lors de l’anniversaire du débarquement : la première fois à SAINTE-MARIE-DU-MONT et la seconde fois à SAINTE- MERE-EGLISE. Ce fut le jour où a été inauguré le vitrail à la gloire des parachutistes, en présence des délégations militaires américaines. Il sera le curé d’EMONDEVILLE jusqu’à fin décembre 1952. A la suite des travaux de reconstruction de son église, il lui offrit un vitrail dont le sujet est « Les pèlerins d’Emmaüs »
Il sera ensuite curé de DIGOSVILLE pendant 14 années, marquées par la célébration en août 1964 des noces d’or de ses parents, puis en octobre de la même année de son jubilé d’argent sacerdotal en présence de l’abbé PIERRE, la remise en 1965 de la Médaille du Courage et du Dévouement et de celle de la Résistance mais également par de nombreux pèlerinages.
Dès cette époque, il fut aussi un membre actif de la Fédération des Donneurs de Sang. Dans ces années 1950, il sera également dans les premiers à soutenir le travail sur le terrain du père Joseph WRESINSKI comme celui de l’abbé PIERRE. Avec les familles vivant à NOISY-LE-GRAND, le premier créa en 1957 une association qui deviendra « Aide à Toute Détresse » (ATD-Quart Monde). Une certitude animait le père Joseph WRESINSKI : « La misère est l’oeuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire. »
C’est le même combat que mènent les Compagnons d’Emmaüs de l’abbé PIERRE depuis ce tragique hiver 1954. Des liens très étroits nés dans l’action incessante auprès des plus humbles et des plus pauvres lieront ces 2 personnalités à l’abbé GOSSELIN.
Comme cadeau de départ, les paroissiens de DIGOSVILLE lui remirent un magnifique cyclomoteur. Et dès lors, l’abbé GOSSELIN toujours en soutane sera souvent photographié sur sa « motobécane ». Cette soutane, il la porta jusqu’à la fin de sa vie suite à la promesse faite à ses parents. En avril 1967, il est nommé curé de COSQUEVILLE, en remplacement de l’abbé DESMOTTES, et administrateur des paroisses de VRASVILLE et d’ANGOVILLE. En 1975, au décès de l’abbé BLESTEL, il reçoit la charge pastorale de NEVILLE et RETHOVILLE. Depuis, il a participé à la restauration des églises communales et a poursuivi son oeuvre pour l’aide au quart monde et aux pauvres. Il s’est également beaucoup dépensé pour organiser des pèlerinages.
A la suite du décès de sa maman en 1974, il ne voulut plus habiter seul le presbytère, grand et lugubre. Il vivra dès lors et jusqu’à sa mort dans la famille de René et Marie-Louise GUILLEMELLE à La Halmonerie.
En 1980, lors de la visite de Jean-Paul II, il se déplaça à LISIEUX accompagné de 8 jeunes, enfants de choeur, à qui il offrit le voyage en train.
Il fêta le dimanche 15 octobre 1989 par une très belle journée ensoleillée ses « noces d’or » sacerdotales dans l’église de COSQUEVILLE entouré de nombreux prêtres dont l’abbé PIERRE. Dix ans plus tard, le dimanche 17 octobre 1999, il aura la joie d’être très entouré dans l’église de SAINT-PIERRE-EGLISE pour son jubilé sacerdotal de diamant. Il s’est éteint dans notre commune le 20 Juin 2001 à l’âge de 86 ans. Reste dans la mémoire de tous ceux qui l’ont côtoyé son immense générosité et l’ouverture d’esprit qui le caractérisaient tant. 62 ans de sacerdoce, c’est autant d’années au service des âmes, au service des hommes, à l’écoute des pauvres et des malades. Il est enterré auprès de ses parents dans le cimetière de RAUVILLE-LA-PLACE, au pied de l’église de sa jeunesse.
JEAN LEJEUNE
Le 13 février 2016, après un office religieux à l’église Ste Trinité de Cherbourg, le corps de Maître Jean LEJEUNE a été transporté au cimetière de Néville pour y être inhumé.
La famille, les intimes, quelques anciens Névillais et Bernard POTTIER, maire délégué de Néville lui ont rendu hommage.
Jean LEJEUNE né le 15 octobre 1923 fut avocat au barreau de Cherbourg de 1947 à 1994, il était le défenseur des agriculteurs. Propriétaire terrien à Néville où il possédait également une résidence, il y venait fréquemment avec son épouse et ses 8 enfants.
Grand conteur du passé névillais, il aimait le déclamer en patois avec moult détails, notamment sur la période de l’occupation allemande et de la libération par les alliés.
Homme pieux et cultivé, on lui doit l’écriture de 2 fascicules : « St Benoît à Néville » et « le Bienheureux Jean-Baptiste Pontus », martyr de la révolution, Dévoué à l’église et au patrimoine névillais, il fut élu conseiller municipal de 1953 à 1995 et maire de 1977 à 1989.
Son attachement à la vie territoriale, au monde rural notamment celui du Val de Saire, l’ont conduit à représenter le canton de St Pierre Église de 1973 à 1998 au conseil général. Il y a un rôle prépondérant dans les affaires sociales et familiales et il œuvra aussi pour la restauration des ports de Fermanville.
Fédérateur des maires du Val de Saire, il participera à la création de la 1ère communauté de communes du canton de St Pierre Église en 1992.
On s’en souviendra longtemps comme un homme affable, aimant la nature, respectant et aimant les gens de Néville et animé d’un esprit démocrate.
MARIE RAVENEL
Marie Joséphine Ravenel nait au moulin de la Coudrairie à Réthoville le 21 août 1811, d’un père meunier (Marin Ravenel) originaire de Gonneville, d’une mère fileuse (Marie Lepoitevin). Marie a une sœur.Très vite, elle développe des capacités intellectuelles au-dessus de la moyenne. Autodidacte, elle sait parfaitement lire à l’âge de 5 ans et se passionne pour cette activité. Ses parents n’ayant que peu d’ouvrages, c’est le vicaire de la paroisse qui lui prête des livres qu’elle lit avec avidité. Elle apprécie tout particulièrement le thème de la mythologie.
A 7 ans, Marie commence à aller à l’école de Réthoville et suit ses cours de manière assidue. C’est à cette époque qu’elle apprend à écrire. A 10 ans, elle est mise en pension chez une fileuse mais en revient très vite, son moulin lui manquant cruellement. A 14 ans, elle part en apprentissage chez une couturière maîtresse d’école, avec laquelle elle dit passer de merveilleux moments.
C’est à 15 ans qu’elle commence à s’adonner aux plaisirs de l’écriture, en commençant par les fables. 7 ans plus tard elle se tourne vers la poésie pour ne plus quitter cette passion. Elle édite son premier recueil à l’âge de 41 ans et reçoit un très bon accueil dans le monde de la poésie ainsi qu’en librairie. 10 ans plus tard, elle sort un deuxième recueil, augmenté de 50 poèmes, pour finir par éditer ses œuvres complètes en 1891, à l’âge de 79 ans.
3 poèmes de Marie RAVENEL
Tout ceci en fait une poète talentueuse et reconnut dans le monde de la poésie. Preuve en est la relation amicale qu’elle entretient avec Monsieur De Lamartine grand poète français de l’époque.
Marie goûte également aux joies de l’amour en se mariant à 18 ans avec le domestique qui travaille pour son père, Yves Lecorps, illettré et de 10 ans son aîné. De cette union naissent trois enfants : deux garçons et une fille.
En 1842 et avec un immense regret, Marie Ravenel et sa famille quittent le moulin pour s’installer à Carnevillependant dix ans, puis à Fermanville où elle s’installe définitivement.
En 1893 et à l’âge avancé de 81 ans, Marie Ravenel s’éteint à Fermanville, dans la demeure de sa belle-fille. Elle est enterrée au moulin de Fermanville.